Jean-Louis Bergère

masque et figure

 

 

 

La singularité de la poésie de Jean-Louis Bergère tient en partie à son rythme, son souffle, marque de la présence de la musique. En effet il explore tant les mots que la musique, et établit entre l’un et l’autre des prolongements qui font la richesse de sa voix/voie.

masque et figure nous parle du temps, de l’être entre apparence et intériorité, dans un rythme effectivement soutenu, parce que le temps nous est compté, parce que la vie n’est pas une mince affaire. 

 

 

 

 

Photos de Jérôme Sevrette

 13x18 cm ; 32 p. 8 € 

 

* * *


De la patine  au  reflet  on se
cogne on se  cherche dans la
dissimulation toujours quand
le ver dans le fruit  on ravale
la façade  mal  à  l’envers ce
mauvais sang dans le tain on
s’examine on s’abîme  on se
cogne  chaque  jour   un peu
plus  et  de  l’autre  côté   du
miroir   pour   ne   pas   trop
mentir    on  s’ applique   on
sourit  on  en  prend  plein la
figure     

Un visage parfois pas la peine 
d’en  rajouter  bien  visible  à 
l’œil nu rien ne tient


Dessein   malhabile   au  trait 
crispé  tu  ris  tu  pleures   tu 
grimaces  tu n’en fais qu’à ta
tête








 Ta peau ta peau ta peau mais

arrête un peu avec ça qu'est-

ce que  tu crois à la fin  c'est

foutu    plié    vendu    tu   la

sauveras  pas  ta  peau   c'est

trop tard depuis le début déjà

c'est  trop  tard  t'auras  beau

t'échiner  devant  la  glace en

mettre   des   tonnes   et  des

tonnes  crème de jour  sérum

concentré  à  la  con  ta peau

c'est mort  ta peau c'est de la

soie vivante malade en pleine

mue dévorée  sous le soleil et

piégée comme jamais .../...